Textes et commentaires

TEXTES ET COMMENTAIRES

Vent nocturne en Zélande


Le chant brutal empoigne les eaux

chiffonne, disperse la toison d’écume.

La lumière fuit sous un noeud de lames.


Serge Brédart


(Paru dans le "Journal des Poètes", mars 2021)

Cécile Bruynoghe nous présente quelques-unes de ses oeuvres récentes ; acryliques sur toile, sur bois ou sur carton dur, techniques aux exigences et contraintes parfaitement maîtrisées que l’artiste met au service d’un monde très personnel et qui pourtant à plus d’une reprise nous semble familier. Son travail s’inspire du souvenir de paysages réels, voire de documents collectés ou entr’aperçus au détour d’un cheminement imaginaire et qui l’incite au travail. Il nous est offert à voir, ici, une oeuvre d’une grande cohérence et dans laquelle les tensions les plus contraires s’affrontent, comme cette inquiétude discrète et récurrente qui là, sourd d’un vol d’oiseaux, ou d’un coin obscur de paysage mais que vient apaiser la clarté verdoyante qui l’environne, ou encore celle d’une « position dangereuse » d’une forme indéfinissable mais dont la composition en assure l’équilibre inébranlable. La touche vive, énergique de Cécile Bruynoghe, la partition des tons et couleurs, nous éveillent à cette évidence : la sensibilité de l’artiste est musicale, cela saute aux yeux ! Et on se surprend à garder un souvenir très précis de ces tableaux, souvenir que l’on emporte et puisque prendre avec soi c’est comprendre, ce n’est pas là le moindre bénéfice et plaisir qu’il y a à tirer de cette oeuvre.


Anne Thielen




Vues de rêves, vues d’eau et de vent, vues de terres étrangères et de sombres forêts, de nuages troublants et de montagnes vertes.
Images d’un ailleurs toujours changeant, les pastels de Cécile Bruynoghe agitent le regard et chassent les démons qui se cachent dans les profondeurs de la page, dans les couches successives de la craie colorée.
Imaginaire à l’état brut, ces visions atteignent bien souvent une dimension fantastique et nous emmènent vers d’étranges territoires.


André Dael, novembre 2016





Biographie Cécile Bruynoghe


Née en 1959 à Louvain, titulaire d’un Premier Prix de solfège au Conservatoire Royal de Bruxelles, elle est autodidacte pour ce qui est des arts plastiques. Issue d’une famille gravitant dans le milieu artistique, elle a depuis son plus jeune âge été confrontée à la peinture et à la musique et a été baignée dans une atmosphère propice à la création. Ses premiers travaux, essentiellement réalisés à la gouache, faisaient généralement appel au rêve et à l’imaginaire. Après ses études musicales et une longue interruption dans la pratique de sa peinture, pensant avoir perdu toute inspiration, Cécile Bruynoghe a expérimenté le dessin les yeux fermés et a progressivement développé cette approche. Cela a débouché sur sa première exposition «Voir, c’est fermer les yeux» (Wols). Elle s’est alors tournée vers le pastel et l’acrylique, se référant essentiellement à la nature. Son travail privilégie une démarche impulsive d’une facture rapide et directe avec un goût certain pour les jeux de matière et l’expression d’émotions à la fois simples et fortes. D’inspiration figurative, son style s’affirme néanmoins par cette liberté presque jubilatoire dans le rendu d’une certaine réalité. Plus récemment, elle s’est mise à travailler le fusain. Il y a une phrase d’Alexandre Hollan qui correspond bien au travail de Cécile Bruynoghe: «La peinture me mène là où je suis déjà».